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Cyprien Tanguay, père de la généalogie québécoise

ouimet-raymond Par Le 02/06/2023

Dans Biographies

La généalogie est aujourd’hui un passe-temps extrêmement populaire partout en occident. Au Canada français, elle est pratiquée par plusieurs dizaines de milliers de personnes. Le Québec, à l’instar de l’Islande, est l’endroit le mieux équipé au monde en matière d’instruments de recherches généalogiques. Et cela, nous le devons en grande partie à Cyprien Tanguay.

Fils de Pierre Tanguay et de Reine Barthel, Cyprien Tanguay naît à Québec, à deux pas du Séminaire, le 15 septembre 1819 ; il est le troisième d’une famille de quatre enfants (trois garçons et une fille). Sa mère est issue d’une famille originaire d’Allemagne, plus précisément de Hesse-Cassel. Il a pour parrain un célèbre patriote, le curé Étienne Chartier, qui est curé de Saint-Benoît (Mirabel) au moment de la rébellion des Patriotes en 1837. Après des études à Sainte-Anne-de-la-Pocatière, au Séminaire et au Grand Séminaire de Québec, il devient professeur de rhétorique en 1840 et 1841 dans son alma mater avant d’être ordonné prêtre le 14 mai 1843.

D’abord desservant à Sainte-Luce et à Trois-Pistoles, il est nommé vicaire à Rimouski à la fin de 1843 où exerce le célèbre abbé Charles Chiniquy, apôtre de la tempérance qui sera par la suite excommunié et deviendra pasteur presbytérien. En 1846, Tanguay devient curé de Saint-Raymond-de-Portneuf où il s’occupe en priorité de l’instruction primaire en suscitant la création d’une commission scolaire dont il devient le secrétaire. Il travaille à l’amélioration de la voirie, puis se fait nommer maître de poste, ce qui lui permet d’organiser un service postal régulier entre Saint-Raymond et d’autres localités, dont Québec. Il cumule aussi la fonction de curé de la nouvelle paroisse de Saint-Basile avant d’être déplacé et nommé curé de Rimouski. À cet endroit, il procède à la construction d’une nouvelle église. En 1859, Cyprien Tanguay est nommé curé de Saint-Michel-de-Bellechasse. Mais son administration y suscite de la grogne ce qui fait qu’il demande une nouvelle affectation. Ce sera Sainte-Hénédine-de-Dorchester, à 40 kilomètres au sud de Lévis.Tanguay cyprien bis

Il entreprend de dépouiller des registres des baptêmes, mariages et sépultures (BMS) de paroisses dès 1846. En effet, le curé avait accès aux registres des BMS du Québec qui sont probablement les mieux conservés au monde. En mars 1865, le sous-ministre de l’Agriculture du Canada-Uni, Jean-Charles Taché, lui écrivait : …ayant été informé du fait que des études et des travaux entrepris par vous, depuis plusieurs années, vous ont acquis des connaissances toutes spéciales sur les statistiques des premiers temps de l’établissement du pays, et ayant l’intention de constituer la statistique canadienne à dater de cette époque…

L’œuvre de Tanguay

Taché n’était pas seulement sous-ministre de l’Agriculture, mais aussi des Statistiques. Parle-t-il de Tanguay à son ministre ? Sans doute, car Thomas d’Arcy McGee, député de Montréal et ministre en titre de l’Agriculture, de l’Immigration et de la Statistique lui offre un poste. En effet, Taché a besoin d’aide pour accomplir sa tâche. Quoi qu'il en soit, le curé demande d’être relevé de sa cure. Comme son statut d’ecclésiastique lui interdit d’occuper un poste de fonctionnaire, il est « attaché au Département des statistiques [!] » avec un traitement confortable de mille dollars par année. C’est ainsi que Tanguay vient s’installer à Ottawa et se met à fréquenter les routes du Québec pour dresser un énorme fichier sur les familles du Québec. Ce fichier comprend pas moins de 122 623 fiches familiales qui contiennent 1 226 230 actes de baptêmes, mariages et sépultures. Cette compilation impressionnante constituera la matière du grand œuvre de Cyprien Tanguay, le Dictionnaire généalogique des familles canadiennes dont le premier volume – il en aura sept pour un total d’environ quatre mille pages - est publié en 1871.

Pour bâtir cette généalogie des familles canadiennes, Tanguay a systématiquement dépouillé les registres paroissiaux du pays, voire même de toute l’Amérique française. De longs voyages sur le continent européen lui ont aussi permis d’explorer minutieusement les dépôts d’archives stratégiques, comme le Dépôt des archives de la Marine à Paris, des fonds en Belgique, en Prusse et dans d’autres États allemands, ainsi qu’en Italie.

Le célèbre généalogiste québécois René Jetté a dit : Son œuvre maintenant centenaire demeure aussi estimable que monumentale, tant par l’ampleur de l’information, patiemment recueillie dans des conditions d’accès, d’éclairage et de transport héroïques, que par l’élan indiscutable et toujours soutenu qu’elle a donné aux enquêtes généalogiques au Québec.

Enfin, je souligne que nommé prélat romain en 1887, Cyprien Tanguay a pris sa retraite en 1893 et est mort à Ottawa le 28 avril 1902. Bien qu’il habitait à Ottawa, au 90, de la rue Guigues la maison est toujours en place , il a été inhumé dans la chapelle du Séminaire de Québec.

Le Dictionnaire généalogique des familles canadiennes peut être consulté en ligne (http://bibnum2.banq.qc.ca/bna/dicoGenealogie/).

SOURCES

BAnQ, Dictionnaire généalogique des familles canadiennes depuis la fondation de la colonie jusqu'à nos jours / | BAnQ numérique.
Dictionnaire biographique du Canada en ligne; érudit.org.
GAGNON, Jacques, Père de la généalogie québécoise et canadienne, Montréal, LIDEC, 2005 ; Wikipédia.