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Théotime Bonhomme : un entrepreneur... entreprenant !

ouimet-raymond Par Le 24/03/2023

Dans Biographies

          La Petite-Nation regorge de personnages plus grands que nature depuis les tout débuts de sa colonisation. Pensons aux Denis-Benjamin Papineau, premier ministre conjoint du Canada-Uni en 1846-1848, à Louis-Joseph Papineau, chef des Patriotes et le meilleur tribun de l’histoire du Québec, à Henri Bourassa, politicien exceptionnel et fondateur du journal Le Devoir, à Julie Bruneau, fondatrice d’un comité de femmes patriotes, etc.

À ces personnages bien connus, il faut ajouter Théotime Bonhomme. Né à l’île Perrot le 27 avril 1858, celui-ci épouse Coralie Tessier le 17 février 1879, à l'église Saint-Jacques-le-Majeur, à Montréal. La mariée n’a que 17 ans alors que Théotime en a 21. Trois ans plus tard, la famille Bonhomme s’établit dans la Petite-Nation, plus précisément à Papineauville. Théotime commence par fabriquer des meubles. Ses qualités d’organisation et son dynamisme sont rapidement remarqués par ses concitoyens qui l’élisent chef de la compagnie des pompiers volontaires de Papineauville le 3 février 1888. À ce titre, il sera appelé à superviser la construction de la première station de feu de la municipalité.

Homme on ne peut plus énergique, Bonhomme theotimeBonhomme devient vite un remarquable homme d’affaires. Dix ans après son arrivée en Petite-Nation, il se lance dans le commerce du bois de sciage et, en 1896, il fait de sa petite entreprise la Compagnie industrielle de Papineauville avec comme associé Henri Bourassa et trois autres Papineauvillois. La compagnie remportera un vif succès et Bonhomme en assurera la présidence jusqu’à sa mort. Dès 1935, alors que la plupart des concessions forestières étaient accordées aux papetières de la région, l’entreprise commence à orienter ses activités sur la vente de bois d’œuvre scié et de matériaux de construction – un précurseur des activités de l’entreprise d’aujourd’hui connue sous le nom de Bonhomme Pro à Gatineau et celui de Bytown Pro en Ontario.

Un industriel qui a à cœur sa région

L’industriel de Papineauville ne fait pas que des affaires. En effet, la politique l’intéresse et il n'hésite pas à appuyer Henri Bourassa à qui il voue une amitié indéfectible. Toujours est-il que Bonhomme brigue les suffrages de ses concitoyens qui l’élisent à la mairie de la paroisse de Sainte-Angélique de Papineauville de 1893 à 1897[1]. Théotime est alors solidement ancré à Papineauville. Aussi achète-t-il un terrain de son ami Bourassa et s’y fait construire une maison que l’on peut admirer au 179, rue Henri-Bourassa. L’homme est heureux en affaires, mais a le malheur de perdre son épouse qui décède le 20 décembre 1902 sans doute usée par 21 grossesses.

« Il n’est pas bon que l’homme soit seul », dit l’Éternel[2]. Et Théotime est bien d’accord avec la bible. Aussi, le 14 juillet 1903, il épouse Hermine Provencher. Puis il acquiert, en 1907, la minoterie (moulin à farine) de Papineauville qui était l’ancien moulin banal des Papineau et vend la farine sous le nom de Five Stars à Montréal et à Ottawa. Il fonde aussi une crèmerie qui deviendra la plus importante du Québec et d’autres entreprises comme la Villeray Lumber.

     179 henri bourassa google maps     Théotime Bonhomme s’intéresse vivement au développement de l’Outaouais et il est celui qui électrifiera la municipalité de Maniwaki et qui y installera un réseau téléphonique. En effet, en 1904, il fonde la Compagnie électrique de Maniwaki, qui exploitera un barrage sur la rivière au Corbeau, et dont il se départira en faveur de la Gatineau Power en 1927, année où il fonde la Blanche River Power Company. Il construit alors un barrage et une usine d’alimentation électrique près du lac McGregor. Cette entreprise passera elle aussi aux mains de la tentaculaire Gatineau Power.

          Ami intime d’Henri Bourassa, l’industriel de Papineauville participe à la fondation du journal Le Devoir en 1910 et continue à s’intéresser à la politique : il est maire de Papineauville de 1925 à 1928. Il meurt à Papineauville le 3 avril 1939 et de nombreux journaux parlent de lui d’une façon élogieuse. Quant à sa seconde épouse, elle trouvera la mort le 11 février 1944 à l’âge de 88 ans.

Illustrations :

  1. Théotime Bonhomme.
  2. Le 179, Henri-Bourassa. Google Maps.

Sources :

BONHOMME, Claude, communications à l’auteur le 21 et 27 février 2023.
Calendrier 2015 : 125 ans de la brigade des pompiers, municipalité de Papineauville.
LEBLANC, Claire, Le moulin seigneurial de Papineau, Généalogie Petite-Nation, bulletin de septembre 2019.
Le Devoir (Montréal), 3 avril 1939.
Le Droit (Ottawa), 3 avril 1939.


[1] Son ami, Henri Bourassa, est devenu le premier maire de Papineauville en 1896-1897.

[2] Genèse 2 :18.