À l'origine de Gatineau l'ancienne : la C.I.P.

ouimet-raymond Par Le 22/04/2023

Dans Histoire locale

Avant l’arrivée de la Canadian InternationaI Paper (C.I.P.), l’ancienne ville de Gatineau n’existait pas et son futur territoire faisait partie de la municipalité de Templeton-Ouest (Sainte-Rose-de-Lima). En 1925, le conseil municipal entreprenait des démarches auprès de la C.I.P. pour intéresser cette dernière à acheter des terrains à Templeton-Ouest pour y construire une usine de fabrication de papier. À cette époque, l’industrie du bois était encore florissante en Outaouais où on trouvait non seulement la E.B. Eddy et la MacLaren, mais aussi la Gilmour & Hughson et de nombreuses autres scieries.

La C.I.P. était issue de la St. Maurice Lumber Company acquise par l’entreprise étasunienne International Paper Company. En 1925, la C.I.P. achetait les actifs de la Riordon Pulp and Paper qui avait des territoires forestiers et des droits de coupe au Québec. Mais pour exploiter ses actifs, la C.I.P. devait, selon la loi, transformer au Québec le bois récolté dans cette province. En 1926, la C.I.P. fit l’acquisition des belles terres agricoles des Berlinguette, des Dugal-Dupras, des Davidson, des Goyette, des Madore, etc., qui vendirent leur propriété parfois à leur corps défendant.

Le chantier de construction, confié à la firme Fraser Brace Company qui embauche les ouvriers au nombre de 3 000, s’érige dès le mois de mai 1926. Les travaux de construction se font si rapidement que l’usine démarre ses opérations le 6 avril 1927. On y fabrique alors deux types de pâtes : la pâte mécanique (défibreur) et la pâte chimique (bisulfite).

L’usine est équipée de quatre machines à papier fabriquées par la Dominion Engineering Works de Montréal qui produisent quotidiennement 545 tonnes de papier. L’usine emploie alors de 1 000 à 1 500 travailleurs selon les saisons.

Fondation du village de Gatineau

La municipalité de Templeton-Ouest ne profitera pas longtemps des taxes foncières payées par la C.I.P. parce qu’en 1933, l’agglomération de  Gatineau, qui compte déjà 2 000 habitants à 90% francophones, se détache de la municipalité pour s’incorporer en village. Treize ans plus tard, soit en 1946, le petit village deviendra Ville de Gatineau (souvent appelé Gatineau Mills à cause des panneaux d’affichage de la C.I.P. : Gatineau Mills’ Plant.)

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La C.I.P dans les années 1930.

          En 1935, la C.I.P. faisait l’acquisition d’une cinquième machine à papier journal qui ne sera pas employée à cause de la crise économique. Toutefois, au début des années 1940, la machine sera convertie pour fabriquer de la pâte de rayonne qui servait alors au tissage des parachutes, très en demande à cause de la guerre. On ajoutera une sixième machine qui épaulera celle-ci pour répondre aux besoins suscités par le conflit mondial.

La fabrication du Ten/Test

En 1927, MM. Wiser et Timmins avaient créé une entreprise de transformation des résidus de bois de l’usine de papier journal de la C.I.P de Gatineau pour y produire du carton goudronné, et des tuiles acoustiques. La C.I.P. l’acheta l’année suivante et la nomma International Fibre Board Ltd pour ensuite commercialiser le carton-planche dur sous le nom bien connu de Ten/Test. En 1939, la C.I.P et Masonite Corporation forma une société commune qui construisit une usine de carton-planche vulcanisé, toujours à partir des résidus de l’usine de papier journal, le Masonite. En 1945, la C.I.P. érigea une usine de contreplaqués pour utiliser les bois feuillus de ses territoires de coupe. En 1947, la Commercial Alcohols Ltd s’installa à Gatineau, à proximité de la papeterie. Elle utilisera la liqueur issue de la cuisson des copeaux pour fabriquer de l’alcool de type commercial.

          Toutes ces entreprises satellites de la C.I.P cessèrent leurs activités entre 1970 et 1990. Je souligne que l’ancienne Gatineau Power Company, incorporée en 1926 et propriétaire de plusieurs barrages et usines de production d’électricité en Outaouais de même qu’au Nouveau-Brunswick et en Ontario (nationalisée par le Québec en 1963), était aussi la propriété de l’International Paper.

          En 1989, la C.I.P. devint Produits forestiers Canadien Pacifique ltée qui changea son nom pour Avenor inc. en 1994. Quatre ans plus tard, l’usine passa aux mains de la société étasunienne Bowater qui fusionnera avec Abitibi Consolidated en 2007 pour devenir Produits forestiers Résolu en 2011.

SOURCES

BAnQ-Outaouais.

HARDY, Mireille, De courage et de fierté – Courage and Pride 1927 – 2002.

MASSIE, J. Marcel, Histoire de la paroisse Saint-Jean-Marie-Vianney, tomes 1 et 2, s.l. s.d.

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