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Peuples martyrs de l'Amérique : les Amérindiens.

Par Le 11/02/2017

Dans Histoire du Canada

        Les Amérindiens ont beaucoup souffert de l’arrivée des Européens sur notre continent. Non seulement ont-ils été dépossédés de leurs terres, mais des tribus ont fait l’objet de quasi-génocides et même de véritables génocides. Par exemple, en 1519, au Mexique, l’Espagnol Hernan Cortès et ses troupes ont massacré plus de 5 000 Amérindiens à Cholula en moins de 6 heures. Il y a eu l’utilisation massive d’esclaves amérindiens dans les mines d’Amérique du Sud. Dès leur arrivée sur le continent, des Européens ont fait ouvertement campagne pour l’élimination des Amérindiens. Ainsi, le poète et médecin américain Oliver Wendell Holmes père considérait les autochtones comme « l’ébauche au crayon rouge d’une humanité primitive. » Aux États-Unis, les autorités ont pratiqué le nettoyage ethnique en déplaçant et forçant des peuples autochtones à Massacre dindiens a hobokenvivre dans des endroits désertiques. Et là, je ne parle même pas de ces nombreuses nations qui ont été décimées par les maladies transmises involontairement, mais en connaissance de cause, par les Européens.

        Les Amérindiens du Canada ont aussi été maltraités. Par exemple, les Béothuks, Autochtones de Terre-Neuve, dont on ne parle jamais. Ils ont été pratiquement exterminés. Traqués par les colons britanniques, ils ont été réduits à une poignée en 1823. La dernière Béothuk connue a été capturée en 1823 par des colons et est décédée en 1829. Il me faut souligner que tuer un Béothuk n’est devenu un crime qu’en 1769 !

        Il y a aussi eu l’affaire Jeffrey Amherst (1717-1797), un général britannique qui méprisait les Amérindiens et les avait en aversion. En 1764, il a suggéré à un subalterne d’employer la variole comme arme de guerre en contaminant des couvertures qui seront distribuées aux membres de la tribu des Delaware qui assiégeaient un fort. Ce criminel a été honoré du nom d’une rue à… Gatineau !

 

Trahisons

        J'ajoute à tout cela que les traités que le colonisateur britannique, puis le gouvernement canadien n’ont pour la plupart pas respectés. Quand il y a eu des pourparlers à la suite de la guerre d’indépendance des États-Unis et de la guerre de 1812-1814, en vue de conclure un traité international, les nations autochtones n’ont même pas été invitées aux négociations bien qu’ils s’agissaient de l’échange et du partage de leurs terres. Le premier ministre du Canada, John A. Macdonald n'a pas hésité à contraindre à la famine les Autochtones de l'Ouest du pays et ainsi causé la mort de milliers d'entre eux. James Daschuck, professeur à l’université de Regina, a souligné ce fait très embarrassant pour Macdonald : « l’inconfortable vérité est que le Canada moderne est fondé sur un nettoyage ethnique et un génocide ».

        En 1763, le chef des Outaouais, Pontiac, allié indéfectible des Canadiens et des Français, avait créé une coalition autochtone pour chasser les Britanniques de leurs terres. Mgr Jean-Olivier Briand (1715-1794), alors évêque de Québec, a alors trahi les Amérindiens en incitant les Canadiens à s’engager dans la milice pour combattre Pontiac et les siens.

L'Outaouais des Amérindiens

        L’Outaouais était autrefois la terre des Algonquins (Anishnabeg) qui ont été depuis chassés du territoire urbain. Ils sont mentionnés pour la première fois quand Champlain les rencontre à Tadoussac en 1603. Il leur rend visite en 1613, il y a donc 400 ans, à l’île aux Allumettes, dans l’actuel comté de Pontiac. Les Algonquins seront, pendant 150 ans, les indéfectibles alliés des Français.

        Ce sont aussi des Algonquins qui ont aidé Philemon Wright, fondateur du canton de Hull, à s’établir à Gatineau. Ils étaient alors loin de se douter que cet établissement entraînerait l’exploitation abusive des forêts qui fera disparaître progressivement le milieu naturel qui les nourrissait.

        Dans les années 1850, on crée des réserves pour les Amérindiens dont les terres sont la propriété de l’État. Ainsi, les Autochtones ne pourront pas obtenir un acte de propriété dans une réserve. Dans l’Ouest, un système de laissez-passer a longtemps interdit aux Amérindiens de quitter leur réserve ! Aujourd’hui, on compte environ 2 300 réserves au Canada dont deux, en Outaouais : Lac Rapide et Kitigan Zibi.

        La réserve de Kitigan Zibi (rivière du Désert), qui compte aujourd’hui plus de 1 400 habitants, est située à Maniwaki. Elle a été fondée en 1853, à la demande des prêtres oblats et du chef Pakinawatik, pour protéger le territoire algonquin de la coupe de bois qui faisait fuir les animaux. Mais dans les années 1920, des troubles ont éclaté quand des entrepreneurs ont décidé d’exploiter les ressources forestières du territoire. Charles Logue, de connivence avec l’agent des Amérindiens, s'est fait donner des droits de coupe et a construit un moulin à scie contre l’avis du chef Chabot. La crise se réglera grâce à deux événements : l’incendie accidentel de la scierie ainsi que la faillite des Logue en 1929. Je souligne que le gouvernement fédéral a décidé de faire instruire les Algonquins en anglais bien qu’ils habitaient surtout au Québec.William commanda copie

        Le plus connu des Amérindiens de l'Outaouais est sans nul doute William Commanda (1913-2011), de son vrai nom (Étoile du matin). Chef de la communauté de Kitigan Zibi de 1951 à 1970, il a été choisi comme chef suprême du seul mouvement visant la création d'un gouvernement autochtone indépendant, le North American Indian Nation Government, en 1945. La création de ce gouvernement se voulait une réponse au gouvernement fédéral qui refusait alors tous droits aux peuples autochtones. Plusieurs de leaders qui ont soutenu la création de ce gouvernement, feront par la suite l'objet de poursuites de la part du gouvernement fédéral et seront été condamnés à des peines de prison pour… conspiration !

        Ancien trappeur et bûcheron, William Commanda a également été connu pour sa parfaite maîtrise de l'art de la construction de canots d'écorce. Mais c'est surtout en tant que gardien des wampums sacrés qu'il a été connu ces dernières années, dont le fameux wampum des Sept Prophéties considéré comme un document fondateur de la nation algonquine. Il a été depuis plusieurs années le guide spirituel d'un mouvement pacifique international, le Cercle des nations.

        Encore aujourd'hui, de nombreuses réserves autochtones du Canada sont privées d'eau courante et d'électricité. C'est le quart monde dans un pays qui compte parmi les plus riches de la planète

Sources :

Daschuck, James, Clearing the plains, 2013.
Dictionnaire biographique du Canada.
LEROUX, Manon, L’autre Outaouais – Guide de découverte du patrimoine, Gatineau, Pièce sur pièce, 2012.
MANN, Charles C.,1491, Nouvelles révélations sur les Amériques avant Christophe Colomb, Paris, éd. Albin Michel, 2005.
Sites Internet http://canada.grandquebec.com/communautes-autochtones/beothuks/ ; Wikipédia.

 
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