La rivière des Outaouais II

Par Le 01/04/2017

Dans Histoire du Québec

Les explorateurs d'un continent

          À la suite des explorations de Samuel de Champlain, nombre d’explorateurs suivent l’Outaouais pour parcourir l’Amérique du Nord dans tous les sens. Les Français rêvent de posséder l’Amérique et de marier leurs enfants à ceux des Amérindiens pour fonder une nouvelle nation. Le territoire qu’ils explorent est immense. Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, ils colonisent ou explorent le Canada de Terre-Neuve aux montagnes Rocheuses et pas moins de 31 des 50 États des États-Unis, des Grands Lacs au golfe du Mexique !

          La route de l’Outaouais permet d’atteindre deux grands réservoirs de fourrures : la baie d’Hudson et les Grands Lacs ou « Pays d’en haut ». Pour se rendre dans les Pays d’en haut, le voyageur qui part de Montréal remonte l’Outaouais jusqu’à la rivière Mattawa, suit ce cours d’eau jusqu'au lac Nipissing pour ensuite naviguer sur la rivière des Français qui se jette dans le lac Huron. À son arrivée à Michillimakinac, poste situé à l’extrémité ouest du lac Huron, le voyageur a parcouru environ 1 200 kilomètres en un peu moins de 40 jours !

À la découverte de l’Amérique

          Le fameux explorateur du Mississippi, Louis Jolliet, est sans doute l’un des hommes les plus connus de l’histoire de la Nouvelle-France à fouler le sol de l'actuelle région de l'Outaouais. Il emprunte cette rivière pas moins de quatre fois entre 1668 et 1672. En 1668, le père Marquette, qui deviendra le compagnon de Jolliet, franchit les chutes des Chaudières alors qu’il s’en va fonder la mission Saint-Ignace à Michillimakinac. En 1669, Cavelier de La Salle, Jollietqui désire découvrir le passage qui lui permettrait d’atteindre la Chine, navigue lui aussi sur l'Outaouais avec 22 compagnons, en route pour les chutes du Niagara où il construit un fort.

          Des dizaines de canots sillonnent avec régularité la rivière des Outaouais soit pour apporter des fourrures à Montréal soit pour conduire des aventuriers et des soldats à la baie d’Hudson ou dans les Pays d’en haut, soit pour échanger des fourrures à Montréal contre des objets fabriqués en France.

          Au XVIIe siècle, le plus grand chef algonquin de l’Outaouais est un certain Paul Tessouat. Il passait pour être la « terreur de toutes les nations, même de l’Iroquois ». On ne pouvait d’ailleurs naviguer au-delà de son fief, l’île aux Allumettes, sans lui acquitter un droit de passage. En 1643, Tessouat descend l’Outaouais pour se rendre à Ville-Marie (Montréal) où il se fait baptiser ; son parrain est Paul Chomedey de Maisonneuve, le fondateur de Montréal, et sa marraine, Jeanne Mance.

La Grande Rivière

          Katche-sippi est le nom que les Algonquins donnent à l’Outaouais et que les Français traduisent par Grande Rivière. Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, le peuple des Outaouacs, qui habite dans la région de Green Bay (Wisconsin), échange tant de fourrures aux Français que la principale rivière qui conduit à leur territoire finit par prendre leur nom, c’est-à-dire celui d’Outaouais, en français moderne, et plus tard d’Ottawa en anglais. Mais les coureurs des bois ne suivent pas toujours l’Outaouais pour se rendre aux Chaudières. Les frères Gastineau dit Duplessis, par exemple, des Trifluviens qui font la traite des fourrures, viennent à la rencontre des Algonquins au portage des Chaudières, par la Saint-Maurice puis la Gatineau.

Vers la mer de l’Ouest

          En 1684, Daniel de Greysolon du Lhut remonte l’Outaouais pour aller fonder des postes de traite dans l’Ouest et trouver l’océan Pacifique. Il se rend jusqu’à l’extrémité ouest du lac Supérieur et explore une partie du Minnesota . Une ville, Duluth, y pAlgonquin 2orte aujourd’hui son nom. Et bien avant que les automobiles de marque Cadillac roulent sur les routes de l’Outaouais, Antoine Laumet de Lamothe, sieur de Cadillac, futur fondateur de la ville de Détroit (Michigan) remonte la rivière des Outaouais et franchit les Chaudières, en septembre 1694, en route vers Michillimakinac où il remplace le commandant de la place, Louvigny.

          Les plus grands explorateurs du régime français à naviguer sur l'Outaouais sont sans aucun doute les La Vérendrye, père et fils qui, tels des géants, ont chaussé les bottes de sept lieues pour enjamber le continent. Dès l’âge de 14 ans, Pierre Gaultier de La Vérendrye rêvait d’atteindre la grande mer de l’Ouest, l’océan Pacifique ; quatre fois au moins il franchira le « saut des Chaudières ». En juin 1731, il quitte Montréal en route pour Michillimakinac et se rend jusqu’à l’emplacement actuel de Winnipeg ; il refait le même itinéraire en 1738 et 1741, poussant toujours plus loin ses explorations. En 1742-1743, ses fils, Pierre et Louis, parcourent l’est du Montana, les plaines du Wyoming, traversent le Dakota et se trouvent en vue des montagnes Rocheuses le 1er janvier 1743. (À suivre...)