Noël d'antan

Par Le 05/12/2015

Dans Histoire du Québec

          Noël est devenue la grand-messe du capitalisme triomphant, la fête de la consommation et des caisses enregistreuses. Ça n’a pas toujours été le cas : Noël a déjà été une fête essentiellement religieuse, familiale, une fête d’amour empreinte de fraternité. Retour sur Noël et le temps des fêtes de jadis.

          Noël, cette fête qui s’est répandue sur toute la planète ou presque, en perdant sa raison d’être, remonte au IVe siècle de notre ère. À cette époque, les Romains célébraient dans la débauche, vers le 25 décembre, au moment du solstice d’hiver, le culte de Mithra, divinité d’origine persane importée par les légionnaires. Mithra était la divinité du « soleil invaincu ».

          À partir du IIe siècle, les chrétiens tentent de déterminer le jour date de la naissance de Jésus. En 354, le pape Libère choisit la date du 25 décembre pour commémorer la naissance de Jésus « le soleil de justice ».

          Jusqu’au XIIe siècle, la grande fête de l’année chez les chrétiens n’est pas Noël,Noel antan messe mais Pâques, car le christianisme du Moyen Âge est avant tout un « christianisme de printemps », c’est-à-dire celui de la résurrection, de la renaissance. En Orient, les chrétiens ont poussé la réflexion sur la nativité et les Occidentaux rapportent des images illustrant la nativité. Petit à petit, il se fait un retournement au profit de Noël qui souligne l’incarnation de Jésus. La tradition de la crèche commence à apparaître ; elle s’inspire de l’évangile de Luc et serait l’œuvre de saint François d’Assise.

          Au XIXe siècle, on se prépare fébrilement à fêter Noël, car par delà la commémoration de la naissance de Jésus, la fête de Noël est le début d’une période de réjouissances qui ne se terminera qu’avec le Mardi gras. Les semaines précédant Noël, les femmes de la maison cuisinent : beignes, galettes à la mélasse, pâtés, tartes, tourtières, viandes, alors que les hommes coulent le vin de cerise, réduisent le whisky et préparent le caribou.

Les trois chandelles

          On attend la messe de minuit en famille. Dans certaines maisons, on allume trois chandelles : une pour les morts, une pour les vivants et une autre pour les enfants à naître. Une heure ou deux avant la messe de minuit, on quitte la maison en berlot, cutter ou à pied, pour se rendre à l’église. Imaginez-vous ce trajet effectué au son des grelots, le crissement des lisses ou des pas sur la neige durcie, le scintillement des étoiles ou, la neige qui tombe en flocons... et la caresse des fourrures sur les joues !… Certaines nuits de Noël peuvent effectivement porter à l’émerveillement. À la campagne, au village, en ville même, tous les chemins, toutes les rues semblent mener à l’église qui est éclairée comme jamais. Trois messes sont alors dites : la messe de minuit proprement dite, avec le fameux Minuit chrétien, la messe de l’aurore et celle du matin.

 Noel antan         Pendant que la famille se recueille à l’église, des femmes restées à la maison préparent le réveillon. Au retour à la maison, on prête attention aux bruits de l’étable, car une vieille légende veut que les animaux se parlent la nuit de Noël.

          Pas de cadeaux à Noël : on mange, on rit au milieu de la nuit. Puis, on va se coucher à l’aube. Le reste de la journée se passe en famille, souvent à chanter.

          Pendant la semaine qui suit Noël, la routine journalière reprend place sauf pour les affaires d’Église. Le curé visite chacun de ses paroissiens et procède à la « quête de l’Enfant Jésus », accompagné de trois marguilliers.

Sources :

Lacoursière, Jacques, Histoire populaire du Québec, éd. cédérom.
Provencher, Jean, Les quatre saisons dans la vallée du Saint-Laurent, Montréal, éd. du Boréal, 1988.
Souvenirs personnels.

 
×